Et quand elle eut la tête nue, tous ceux qui la virent sâémerveillèrent de sa grande beauté. 121 Voir aussi Le Bel Inconnu, v. 5550 ou Ipomédon, v. 4527-4528. Il faut reconnaître quâil sâapplique davantage à un visage malade ou fatigué ainsi quâà une altération dâautres couleurs, ce qui explique aisément le peu dâengouement des auteurs à lâemployer pour décrire une admirable chevelure ! cit., p. 69-70). Et dans celui-ci elle enferma des jeunes filles charmantes et belles qui sont sauvages et couvertes dâun pelage qui ressemble à lâor fin. La préséance du blond sur toute autre teinte ne date pas de lâépoque médiévale comme on le voit dans cet extrait où un amant explique quâil nâa pas trompé son aimée car sa beauté était parfaite puisquâelle est blonde : « Frons et gula, labra, mentum / dant amoris alimentum ; / crines ejus adamavi, / quoniam fuere flavi. » (Lingua mendax, v. 33-36, Poésie lyrique latine du Moyen Age, éd. Il faut préciser que cette édition se fonde sur la copie de Guiot (ms. BN fr. 283 Voir aussi Guillaume et Aélis : « Qui les eûst par tot eslis / Ne trovast il.ij. La précision negiee souligne lâabsence de toute dégradation et de toute salissure sur la neige, à lâimage de ces êtres purs, exempts de tout péché. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres mots utiles Gilles Roussineau, Genève, Droz, 1996, 43, l. 22-24). V. Chichmaref, Paris, Champion, 1909, t. ii, p. 393, v. 133-134). En suivant lâhumble chemin du lexique, on sâimmisce insensiblement au cÅur des textes. Farce nouvelle dâung savetier nommé Calbain, p. 143151. Il convient en dernier lieu de rapprocher crins, come et poil pour leur aptitude à sâappliquer au pelage animal, particularité qui ne contrarie pas leur propension à évoquer les splendides chevelures, ce que confirme leur collocation avec lâadjectif blond. Toujours est-il quâil désigne en ancien français une natte de cheveux portée aussi bien par les femmes que par les hommes : 66La violence qui se fait jour dans ce dernier exemple nâest pas inhabituelle : dans 38 % des occurrences de treces relatives à la chevelure féminine, le substantif est en effet intégré dans une expression telle que pendre / tirer par les treces ou couper / trancher les tresses qui décrit la brutalité masculine exercée à lâencontre de la chevelure féminine84. 141 Le Roman de Tristan en prose, t. v, De lâarrivée des amants à la Joyeuse Garde jusquâà la fin du tournoi de Louveserp, éd. 126 Sor est en effet épithète de tous les substantifs, sans aucune préférence. Exemple : des maisons grises et noires (il y a des maisons grises et des maisons noires) cit., n. 41, p. 175. Toujours dans le Conte du graal, la mère dâArthur se voit en effet appelée quelques centaines de vers plus loin la reïne chenue (v. 8726), nom qui lui octroie une aura de respectable sagesse. Les hommes sont également concernés : La tête nette, les cheveux bien peignés. Ne parlons pas du nom propre Sor, uniquement porté par le Sor de Montescler dans Le Bel Inconnu (v. 5506). 174 Voir par exemple la description du serpent maléfique caché par Eliavrés dans lâarmoire : « Un serpent molt orible et noir / Et felon et de mal afaire / Vos metrai la en cel armaire. » (Première continuation de Perceval, v. 2614-2616). Pour les jambes, c'est facile. Achevé entre 1337 et 1344, Perceforest nous offre deux emplois positivement connotés, notamment pour le premier grâce à la coordination avec clers et à la comparaison avec lâor : les cheveulx tout aval plus clers et plus, Les cheveux tombants, plus clairs et plus, les jeunes filles avaient les cheveux plus. 314Du voile qui fait défaut à la luxure, il nây a alors quâun pas, franchi par la nièce dâun ermite qui a été auparavant séduite par un moine et que son oncle recherche à travers la ville : Il eut beaucoup de difficultés à la trouver. La chevelure hérissée, dressée, provoque la crainte et ce nâest pas une surprise si cette caractéristique revient dans les portraits allégoriques de Danger, de Pauvreté ou de Meseûr (Malheur)312, tous trois réputés inspirer lâeffroi. Ces couleurs (adjectifs) sont aussi des choses (noms). 312 « Granz fu et noirs et hericiez, », « Les chevelz a touz hericiez, » (Le Roman de la Rose, v. 2920 et v. 10169) et « Hericié chief et maupigné, » (Le Livre de la mutacion de Fortune, v. 1814). 321 Le nÅud se trouve donc sur le dessus du crâne et non sous le menton. lâadjectif de couleur reste invariable quand il sâagit dâun nom, sauf pour Fauve Mauve Incarnat Rose Pourpre Ecarlate qui sâaccordent. 320 La partie de la guimpe passant sous le menton pouvait être relevée et cacher le bas du visage. Francine Mora-Lebrun, Paris, Lib. Ainsi la demoiselle choisie pour tester lâabstinence dâun ermite est-elle obligatoirement tressée : 68Ce substantif, lorsquâil est qualifié (ce qui se révèle plutôt rare) est associé à belle et à blonde mais surtout à grosse et longue, deux adjectifs particuliers qui mettent lâaccent sur lâabondance et la taille de la chevelure puisquâil faut considérer que la natte diminue lâépaisseur aussi bien que la longueur des cheveux90 : Lâembellit beaucoup et rehausse son éclat. 100 Romances et pastourelles françaises des xiie et xiiie siècles, éd. En revanche, la laideur est mixte. On note au passage que lâadjectif sâapplique aux seuls personnages féminins. 237 Robert de Blois, Floris et Lyriopé, éd. Leur invisibilité ordinaire explique aisément le succès de leur inhabituel dévoilement au cÅur des Åuvres, lors de la scène de la toilette par exemple. 95 Voir la description du dieu dâamour dans Le Dit de la panthère (Nicole de Margival, Le Dit de la panthère, éd. Voir aussi le Tristan de Béroul, v. 1546, laFolie de Berne, v. 130, Le Roman dâÃnéas, v. 6998, Floire et Blancheflor, v. 2849, Guillaume de Dole, v. 695, Le Roman de la Violette, v. 645, Le Roman de Renart, branche Ic, v. 3080, Ipomédon, v. 2234 et v. 5797. Lâimportance du personnage, le Roi Pêcheur, est manifestée par sa prestance (il est qualifié de bel prodome) et par sa chevelure grisonnante, signe tangible de sa sage maturité. 217 Catherine Croizy-Naquet, op. La laideur sâapparente dès lors à lâhorreur que provoque la rencontre de lâinconnu, de la différence, de lâaltérité. Le premier hérite de la tradition poétique latine et donne au mot une forte connotation laudative : Elle qui était si gracieuse et si belle. Blond et bloi se rejoignent alors par leur haute valorisation, signifiée par les adjectifs qui les accompagnent ou par les substantifs nobles quâils qualifient. Fr., 1996, p. 305-445, v. 2853). 214 Voir Perceforest, 2e partie, 10, p. 6, l. 17-21, citation déjà analysée p. 47. Même dotée dâune coiffe, beaucoup plus couvrante que le cercle, la jeune fille reste encore eschevelee : à lâexception dâune coiffe de bonnet. Polyphème apparaît donc à lâissue de cette justification comme un être hybride, à lâimage dâOurseau et de Merlin dont on décrivait également le poil. 40ou dâêtres pour lesquels une hésitation entre la nature bestiale et la nature humaine se fait sentir : Et vis quâil avait la tête plus grosse. O Toison, moutonnant jusque sur l'encolure! 219Ce genre de beauté éthérée demeure cependant inaccessible aux religieuses qui, une fois entrées au couvent, sont vouées à lâenlaidissement. Voir dans Le Roman de Renart, branche Ib, v. 1832 ou encore branche ii, v. 44. Or, dans un pareil cas, personne nâira imaginer que Blancheflore puisse avoir lâair viril, en revanche, si Floire lui ressemble autant, on pensera quâil a des traits féminins. 1Avant dâamorcer ce premier chapitre consacré à lâétude du vocabulaire se rapportant à la chevelure pour la nommer ou la qualifier, il faut reconnaître ce que lâon doit à R. Boulengier-Sedyn qui a élaboré un dictionnaires des termes relatifs à la chevelure illustré par des exemples fort variés1. 216 Jean Frappier, « Le thème de la lumière de la Chanson de Roland au Roman de la Rose », dans Tradition et originalité dans la création littéraire, le Thème de la lumière dans la littérature française, Littérature française et cinéma, Cahiers de lâAssociation Internationale des Ãtudes Françaises, n° 20, Paris, Les Belles Lettres, mai 1968, p. 112. 233 « Un bel prodome seoir vit, / Qui estoit de chenes meslez ; » (Le Conte du graal, v. 3086-3087). 93 Dans les deux occurrences, lâaccent est mis â par lâemploi du verbe trecier â sur lâaction de coiffer, sur la réalisation des tresses. 309 Voir aussi la légende selon laquelle sainte Marguerite aurait quitté son mari la nuit de noces, avant la consommation du mariage, se serait coupé les cheveux puis serait entrée au monastère en tant que moine : « Et celle nuyt, elle se garda de son mari. Jean-Clarence Lambert, Paris, Union Générale dâÃditions, 1996, p. 112, v. 7-8) ou le portrait de la fée, future épouse de Mélion dans Le lai de Mélion : « Gent cors e bele espauleûre, / sâot blonde la cheveleûre, » (Le Lai de Mélion, dans Lais féeriques des xiie et xiiie siècles, éd. William Roach, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1941. Le brun de lââge adulte ayant recouvert le blond innocent de lâenfance, la chevelure porte la trace évidente de sa condition de pécheur et fait de lui un héros accessible partageant le sort commun. 112, constate lui aussi que « vers la fin du Moyen Ãge, à lâépoque où la chevalerie historique est en décadence, surgit un nouveau type de chevalier idéal »182. 1. Dans cette acception, eschevelee devient synonyme de desliee et il nous paraît pertinent de lier dorénavant lâétude des deux adjectifs, aussi bien pour éviter les répétitions que pour confronter leurs spécificités. La rousseur suggère lâétrangeté de lâautre, toujours menaçante ; ainsi cet écuyer belliqueux rencontré par Gauvain : 160Les adjectifs merlez et roides présentent une antithèse parfaite aux coiffures apprêtées, dâoù sâéchappent artistiquement quelques fines boucles ondulées. Remplis les blancs. 285Dans ce tableau censé apitoyer les guerriers, lâaccent est mis sur la présence de jeunes enfants, nés ou à naître, portés avec ostentation par des femmes éplorées, à tel point que se dessine en filigrane la figure de pietà auxquelles les hommes ne sauraient imposer de souffrances supplémentaires. [...] elle se dit en son for intérieur quâelle nâavait jamais vu de plus beau chevalier. 27 Guillaume de Machaut, Le Livre du Voir Dit, Paris, Lib. 112, II, ff. Ajoutons que plus de la moitié des occurrences concernent des chevelures masculines, ce qui signale une tendance inverse à la tendance actuelle. Ce dernier adjectif présente deux intérêts : le premier est de synthétiser les concepts de chevelure et de blancheur â ce qui explique sa fréquence â et le deuxième dâoffrir une connotation positive de respectabilité. 150Autrement dit, on est en droit de se demander si les critères physiques du chevalier idéal ne se modifient pas au cours du Moyen Ãge. 256Le cas de Lancelot est symptomatique de cette intime ambiguïté.